Au SEDE comme dans les Communes jurassiennes, une nouvelle législature commence. Les uns après les autres, les Conseils communaux transmettent les noms de celles (oui, il y aura plus de femmes !) et ceux qui constitueront les instances ces cinq prochaines années. La séance constitutive du Comité a lieu le 8 février. Certains visages resteront, d’autres changent. Une personnalité en particulier s’en va, c’est Gabriel Friche, notre président, après douze ans de très bons et très loyaux services.
Le SEDE n’a connu que deux présidents en 43 ans d’existence. Jacques Stadelmann, de 1979 à 2010, et Gabriel Friche donc, de 2010 à 2022 (mais Vincent Theurillat, l’ancien chef d’exploitation, a fait encore plus fort en dirigeant la STEP depuis sa construction jusqu’en 2020). Cela pour dire qu’un départ, ici, est un événement en soi.
Ingénieur ETS en mécanique technique, Gaby a gravi par deux fois dans sa vie professionnelle les échelons de l’entreprise qui l’a engagé. Il avait atteint la direction de Black&Decker SA lorsque l’entreprise a fermé ses portes en 1995 ; il était également membre de la direction chez Schaublin SA lorsque le handicap a précipité son départ en 2011. Mais si les yeux de Gaby le trahissent, ses compétences et sa motivation le soutiennent, et c’est au service du SEDE qu’il les a mises douze ans durant.
Sous son habile présidence, les installations ont été complètement renouvelées. Avec un solide plan directeur comme fil rouge et un chef d’exploitation impeccable pour piloter les travaux, Gaby a fait passer comme des lettres à la poste tous les crédits qu’il a soumis aux instances au fil des années. Il y eut d’abord le moteur à gaz, puis le pré-épaississement des boues, la production et distribution d’air et la digestion. Last but not least, LE tout gros projet, l’usine de traitement des micropolluants, inaugurée à l’automne 2022.
En marge du plan directeur il a fallu mener à bien le plan de gestion de l’évacuation des eaux, avec à la clé la réfection des conduites intercommunales et le subventionnement d’actions sur les réseaux communaux. Ce projet-là aussi arrive à son terme et la proportion d’eaux claires en entrée de STEP est passée de 75% à 60%. Il reste maintenant à s’attaquer aux eaux claires saisonnières ; le projet est prêt. À la STEP, il y aura encore la rénovation du bâtiment administratif et du pré-traitement puis, finalement, le remplacement des bassins avec probablement l’avènement de nouvelles techniques de traitement des eaux.
Politiquement, on entre vraisemblablement dans une nouvelle époque. Si Gaby a pu consacrer 25% de son temps à la guidance du Syndicat, ce ne sera peut-être plus le cas du conseiller communal qui le remplacera. Ce président s’appuiera sans doute davantage sur un Bureau exécutif qui se répartira les tâches et sur des bureaux externes d’assistance au maître d’ouvrage (BAMO). On touche là au grand regret de Gaby : que le Délégué aux affaires communales n’ait plus toléré de dérogation au règlement qui veut que le président soit un élu.
Sur un plan plus personnel, Gaby confie s’être senti « comme en famille » au SEDE. Pouvoir s’y investir, se sentir utile et reconnu malgré le handicap a énormément compté pour lui. Il craint un peu le vide qui suivra le 8 février, mais n’est pas sans projets. Il s’engagera davantage au Conseil général de Val Terbi, à la Fédération suisse des aveugles dont il est président de la section jurassienne et à Forum Handicap Jura.
Son vœu pour l’avenir rejoint l’initiative du PCSI pour des grandes communes. Le SEDE n’aurait alors plus de raison d’être et deviendrait une attribution du Service des travaux publics de sa Commune. En attendant, peut-être le SEDE reprendra-t-il un jour les infrastructures locales de ses 15 membres. Mais un tel scénario a été rejeté récemment pour le SEPE en Ajoie.
Cher Gaby, toutes et tous au SEDE te remercient et garderont de toi plus qu’un souvenir, une inspiration.